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Le trouble dépressif majeur

  • 10 min

Découvrez le trouble dépressif majeur : symptômes, taux de prévalence, facteurs de risque, traitements efficaces pour surmonter ce trouble et bien plus encore.

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La quasi-totalité sinon la totalité des personnes vivront un jour ou l’autre une période d’extrême tristesse à la suite de la perte d’un être cher, de la perte d’un emploi, etc. Mais lorsqu’une personne vit une période de détresse très importante et significative de sorte qu’elle ne soit plus capable de réaliser ses activités de la vie quotidienne, on parle alors de dépression majeure. La dépression fait partie de ce que l’on nomme les troubles de l’humeur.

Les symptômes

La dépression est un trouble qui inclut des symptômes émotionnels, cognitifs, comportementaux et physiques1.

  • Sur le plan émotionnel : le fait de se sentir triste, coupable, apathique et incapable d’éprouver du plaisir.
  • Les symptômes d’ordre cognitif ont trait quant à eux à des pensées d’être incorrect, sans valeur, pessimiste vis-à-vis de l’avenir ainsi qu’une capacité de concentration diminuée.
  • Quant aux manifestations sur le plan comportemental, elles se présentent comme une diminution de ses habiletés d’effectuer son travail ordinaire, une apparence personnelle négligée, des problèmes de sommeil (baisse ou augmentation du sommeil), une diminution des contacts sociaux.
  • Il est fréquent que les manifestations d’ordre physique accompagnent la dépression: problèmes de digestion, maux de tête, fatigue, prise ou perte de poids, etc. C’est d’ailleurs par cette voie que plusieurs personnes vont consulter, mais elles iront à ce moment vers un médecin généraliste. À noter que plusieurs médecins généralistes sont habilités à traiter la dépression. Mais comme on le verra plus loin, il est important de suivre une thérapie pour maximiser ses chances de ne pas faire de rechute.

Quels sont les taux de dépression dans la population?

Selon des données récentes de Statistique Canada, les jeunes âgés de 15 à 24 ans seraient en plus grand nombre à avoir vécu un épisode dépressif majeur au cours de l’année 2022 avec une surreprésentation de jeunes filles2. Chez ce groupe de jeunes filles, ce chiffre aurait doublé par rapport à la dernière Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, passant de 9 % en 2012 à 18,4 % en 2022.

Si on prend les données pour le Québec pour 2012 fournies par l’Institut de la statistique du Québec pour la même période (12 mois avant l’enquête), mais pour l’ensemble de la population québécoise âgée de plus de 15 ans, on arrive à un taux de 3,1 % pour les hommes et 5,7 % pour les femmes. Mais si on s’intéresse au taux de prévalence à vie, ce taux s’établit à 15 % pour les femmes et à 9 % pour les hommes3. Certains croient, par ailleurs, que la dépression serait sous-diagnostiquée chez les hommes, car ils seraient plus réticents à demander de l’aide4.

Quelle est la distinction entre trouble dépressif majeur et trouble dépressif persistant?

Le trouble dépressif persistant (ou dysthymie) est « une dépression moins grave que la dépression majeure, mais qui s’étend sur une plus longue période […] avec une durée moyenne de 5 ans » (Huot, 2016).5 Ce trouble est marqué par une humeur dépressive stable qui, en général, n’a pas d’impact sur les activités de la vie quotidienne. Dans cette optique, on dit qu’il ressemble plus à un trait de caractère qu’à un trouble de santé mentale. Mais la majorité des personnes affligées de ce type de dépression vivront également un épisode majeur de dépression au cours de leur vie. Le risque de suicide est plus élevé chez les personnes vivant un trouble persistant que chez celles n’expérimentant qu’un seul épisode majeur de dépression.

Quels sont les facteurs de risque?

Selon le manuel diagnostique des troubles mentaux de l’Association américaine de psychiatrie, le DSM-5-TR6, les facteurs de risque sont liés au tempérament de la personne, par exemple une affectivité négative – ce que d’aucuns nomment triade dépressive que l’on explique un peu plus loin. Ce type de tempérament augmenterait le risque de développer des épisodes de dépression en réponse à des événements stressants. On traite également de risques environnementaux comme des expériences négatives dans l’enfance incluant l’abus sexuel. Les femmes sont touchées de manière disproportionnée par ce type de facteurs de risque de dépression tout au long de leur vie, notamment les traumas interpersonnels.7 D’autres déterminants de santé mentale, comme un revenu faible, une scolarité précaire, le racisme, et d’autres formes de discrimination sont associés à un risque plus élevé d’épisodes dépressifs. Concernant les facteurs génétiques et physiologiques, des antécédents familiaux pourraient expliquer la survenue d’épisodes dépressifs. On mentionne que le risque est de deux à quatre fois plus élevés pour les enfants de parents dépressifs que la population générale. Comme le souligne Huot (2016), il est cependant difficile de déterminer s’il s’agit d’une transmission génétique ou si on est à risque par « apprentissage » en raison d’un climat familial dépressogène8.

Quels sont les facteurs de maintien du trouble dépressif?

Un des éléments qui contribue à se maintenir en état de dépression est ce que l’on nomme la triade cognitive dépressive. Que veut-on dire par cela? Ce serait « un ensemble de généralisations et de croyances qui sont plus ou moins conscientes et profondément ancrées »  chez les personnes dépressives et qui feraient en sorte que la perception que l’on a de soi (ex. « Je ne vaux rien »), de l’avenir « Peu importe ce que j’ai fait, tout va toujours aller mal » et du monde (« C’est impossible de changer le monde, car tout va mal ») est essentiellement négative. Ce qui est au cœur de cette triade, est une faible estime de soi.

Source : Huot (2016, p. 155)

Susan Nolen-Hoeksema10 a fait ressortir deux styles qui seraient reliés à des pronostics différents quant à la durée de la dépression : le style distractif et le style ruminatif.

Le style distactif, que l’on rencontre plus souvent chez les hommes, consiste à s’engager dans des activités de distraction comme aller prendre un verre avec des amis ou pratiquer un sport.

Le style ruminatif quant à lui serait plus présent chez les femmes, et expliqueraient qu’elles vivent plus souvent des épisodes de dépression, mais aussi que ces épisodes sont plus longs. 

Nolen-Hoeksema explique ces styles différents par la socialisation; on apprendrait aux femmes à « contempler » les possibles causes et les conséquences de leurs émotions, en particulier ce qu’elles font de « pas correct » alors qu’on apprend aux hommes à ne pas montrer leurs émotions et à s’en distraire. Remarquons qu’un style distractif est positif à court terme, mais à long terme peut entraîner des conséquences négatives, car il peut conduire par exemple à noyer ses émotions dans l’alcool.

La rumination consiste à centrer ses pensées sur les aspects négatifs de l’expérience (comme dans la triade cognitive décrite plus haut). Ces pensées viennent qu’à prendre toute la place dans l’esprit de la personne. Il n’y a plus de place pour le plaisir. Il s’agit de préoccupations reliées au passé (« Qu’est-ce que j’ai fait de pas correct? »). Malheureusement on ne peut changer le passé. La rumination ne contribue aucunement aux significations profondes et vraies de l’expérience, elle pollue plutôt la pensée de négativité et accentue la dépression. Le type le plus familier de rumination est celui de fulminer qui est centré autour de la croyance que quelqu’un nous a fait du tort. À ce moment les personnes ont tendance à dépeindre les autres de « vilains » sans considérer l’autre côté de la médaille. En tant que parent, ou ami d’une personne déprimée, il est important de lui faire voir justement l’autre côté de la médaille, et ne pas renforcer cette croyance. 

Comment peut-on traiter le trouble dépressif?

La plupart des écrits traitent d’un couplage entre un médicament anti-dépresseur et une psychothérapie. Une des thérapies qui s’est révélée efficace à prévenir les rechutes d’une dépression est la thérapie cognitive comportementale basée sur la pleine conscience11. Elle se centre justement sur la diminution de la rumination en faisant adopter à la personne une attitude douce envers soi-même et envers toute expérience, c’est-à-dire de mettre l’accent sur l’importance d’être compatissant envers les autres, mais aussi envers soi-même. Sans cette compassion envers soi, il est plus difficile de l’être pour les autres.

Il existe bien entendu toutes sortes de thérapies qui se sont révélées efficaces pour traiter ce trouble.

Comment dois-je réagir?

Dans un premier temps, malgré le fait que vous puissiez ressentir de la colère envers votre être cher, il est important de vous rappeler qu’il a besoin d’aide et de compréhension. À un certain stade, il se peut que votre être cher ait beaucoup de difficulté à accepter l’aide disponible mais votre appui est essentiel. Il est possible qu’il ne puisse plus prendre en charge les responsabilités qu’il avait l’habitude d’assumer. Par conséquent, en fonction de vos capacités, vous devrez peut-être en assurer la majeure partie, sinon la totalité.

Si votre être cher parle de suicide, il faut prendre ses propos au sérieux car beaucoup de gens qui essaient de mettre fin à leur vie ont d’abord demandé de l’aide en menaçant de le faire. Il faut l’écouter et lui présenter des suggestions utiles en l’encourageant à consulter son médecin de famille. Vous pouvez également contacter le centre de prévention du suicide de votre région.

Même s’il peut être épuisant de vivre avec quelqu’un qui est déprimé, il est important de maintenir vos relations avec lui. Il faut que vous gardiez le moral et continuiez, dans la mesure du possible, à vivre votre vie. Il ne faut pas oublier qu’une fois traité, votre être cher se rétablira. Cependant, il faut lui permettre de le faire à son rythme en l’encourageant à prendre soin de sa santé.

Que dois-je éviter de faire?

Il est important de ne pas blâmer votre être cher pour ses symptômes et ne pas insinuer que sa dépression est un signe de faiblesse. Évitez d’être impatient et de lui faire vivre un interrogatoire sur les raisons de son état dépressif. Ne prenez pas personnellement le fait qu’il refuse votre aide ou qu’il ne donne pas suite à vos conseils. Globalement, évitez des interventions qui risquent d’accentuer son sentiment de culpabilité ou de solitude.

Nous vous conseillons de visualiser cette courte vidéo qui offre des illustrations sur ce que l’on doit faire et ne pas faire, vidéo réalisée par L’Accolade Santé mentale.

À retenir

La dépression majeure est un trouble assez répandu dans la population, et plus élevé chez les femmes, mais qui en général se résorbe au bout de quelques mois avec un traitement approprié. La dépression persistante, comme son nom l’indique, dure beaucoup plus longtemps et est considérée comme un trait de caractère, car elle affecte moins le quotidien de la personne. Mais le risque de suicide est plus élevé chez ces personnes.

Sources et notes

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