Aller au contenu
Retour

Les troubles du spectre de la schizophrénie

  • 10 min

Les troubles schizophréniques sont complexes et affectent pensées, émotions et comportements. Découvrez leurs symptômes, causes, prévalence et traitements.

Partagez sur

Qu’est-ce qu’un trouble schizophrénique?

Dans le manuel sur les diagnostics psychiatriques de l’Association américaine de psychiatrie, le DSM, on traite de troubles du spectre de la schizophrénie, et d’autres troubles psychotiques, qui incluent le trouble schizophrénique. Ils sont définis par des anormalités dans un ou plus de ces cinq domaines1 : délires, hallucinations, pensées ou discours désorganisés, un comportement moteur anormal ou grossièrement désorganisé incluant la catatonie (sa caractéristique principale est un trouble psychomoteur marqué, soit par une activité motrice décrue ou encore une activité motrice particulière et excessive), et enfin les symptômes dits négatifs (DSM-5-TR, p. 101)2.

Pour certains, les symptômes apparaissent graduellement et s’échelonnent sur plusieurs années. Ce phénomène fait en sorte que plusieurs familles n’arrivent pas à déterminer si la personne traverse un moment difficile ou s’il s’agit de quelque chose de plus sérieux. Mais pour d’autres la survenue est soudaine et les symptômes représentent à ce moment un choc pour les familles. En effet un diagnostic de schizophrénie est un événement bouleversant dans la vie d’une personne et de celle des membres de sa famille. Ce trouble de santé mentale apparaît généralement à la fin de l’adolescence, une période critique du développement de la vie d’un jeune adulte.

Une définition des cinq domaines3

  • Délires

  • Hallucinations

  • Pensées ou discours désorganisés

  • Comportement moteur anormal ou désorganisé

  • Symptômes négatifs

Quelles sont les causes du trouble psychotique et du trouble schizophrénique?

Avant de recevoir un diagnostic de schizophrénique, les personnes expérimentent ce que l’on appelle un premier épisode psychotique (PEP). Le trouble psychotique se distingue selon trois phases distinctes9 :

  • la phase prémorbide où la personne est confrontée à une série de facteurs de risque prédisposants (génétiques, périnataux, neurobiologiques, une histoire de maltraitance et de placement, des facteurs familiaux, des difficultés sociales, etc.), et des facteurs précipitants – ou facteurs déclencheurs qui ne sont pas la cause directe –, par exemple le fait d’être confronté à un stress significatif comme un trauma relié à de l’intimidation ou la consommation de cannabis – à forte concentration de THC – ou d’hallucinogènes;

  • la phase prodomique où apparaissent les signes avant-coureurs du trouble, annonciateurs d’un changement du fonctionnement cognitif, psychologique et social;

  • et enfin le premier épisode psychotique (PEP). Le trouble schizophrénique quant à lui peut apparaitre à la suite de ce PEP si la condition de la personne se détériore ou que le PEP n’est pas traité rapidement. C’est à ce moment que peut survenir une phase persistante ou stable où le diagnostic de schizophrénie sera posé10. On attend, en effet, généralement une période d’au moins six mois de symptômes avant de poser ce diagnostic. Il est par ailleurs possible qu’une personne n’expérimente qu’un seul PEP, particulièrement dans le cas d’une psychose toxique reliée à une forte consommation de drogues.

Quelle en est la fréquence?

Le taux de prévalence11 à vie de la schizophrénie s’étendrait entre 0,3 et 0,7 % de la population12. Cependant les phénomènes migratoires peuvent augmenter ce risque; on rencontre en effet de 3 à 5 % de personnes atteintes de schizophrénie chez les populations déplacées confrontées à un stress énorme. La schizophrénie est présente dans tous les pays, mais elle serait plus élevée dans les régions urbaines. Une vaste étude internationale n’a trouvé aucune différence de prévalence entre les sexes, mais il semble que les hommes montrent plus de symptômes négatifs que les femmes et une durée plus longue du trouble. Cependant la survenue tardive de ce trouble de santé mentale, c’est-à-dire après 40 ans, est beaucoup plus fréquente chez les femmes qui conservent, en général, un bon fonctionnement social et affectif malgré des symptômes psychotiques13

Comment la traiter?

De plus en plus, au Québec et ailleurs, on offre une intervention dite précoce, c’est-à-dire assez rapidement après la survenue des premiers symptômes psychotiques. En effet, le pronostic de rétablissement est meilleur si la durée non traitée est plus courte. Il existe de nombreuses preuves scientifiques qu’une intervention précoce contribue à réduire les impacts sur la situation sociale de la personne et de son entourage (sur l’emploi, les relations interpersonnelles, l’habitation, etc.).

La plupart du temps la personne se verra prescrire des médicaments antipsychotiques, mais un traitement réussi impliquera l’intervention d’une équipe interdisciplinaire (médecin psychiatre, infirmière, travailleuse sociale, psychologue, etc.) en raison de la complexité liée à ce trouble. Il est important par ailleurs qu’un projet significatif soit adopté par la personne dès le début du traitement et que sa famille soit engagée dans le processus d’intervention pour maximiser les chances de succès de l’intervention.

Comment dois-je réagir?

Malgré le fait que la situation puisse être sous tension ou lourde, osez parler à votre être cher de ce qui vous inquiète et des sentiments que vous éprouvez.

  • Parlez lentement, d’une voix calme en utilisant des phrases courtes et simples pour éviter la confusion. À titre d’exemple : « Je suis inquiet parce que tu ne manges plus avec nous, qu’est-ce qui ne va pas ? ». Même si votre être cher ne vous répond pas, il saura que vous êtes là pour lui. S’il est conscient que quelque chose ne va pas, il peut passer des semaines, voire des mois dans un état de confusion et de peur. Il tentera de comprendre son problème par lui-même et il peut tout mettre en œuvre pour vous convaincre que la situation est parfaitement « normale ».

  • Ne restez pas seul dans la gestion de la situation, faites appel à d’autres personnes qui connaissent bien votre être cher. Il s’est peut-être isolé de son cercle d’amis; suggérez-lui de parler de ses inquiétudes avec quelqu’un en qui il a confiance ou demandez-lui si vous pouvez communiquer avec une personne de votre entourage qui pourrait l’aider.

  • Si sa condition ne s’améliore pas, encouragez-le à consulter. Pour éviter de raviver les inquiétudes qu’il n’a jamais pu exprimer, attirez son attention sur un problème particulier. À titre d’exemple : « J’ai remarqué que tu as de la difficulté à dormir depuis quelques temps et que tu es très fatigué durant le jour. Tu pourrais consulter un médecin à ce propos? ». La consultation d’un médecin généraliste peut représenter le début d’un processus de demande d’aide.

Malgré vos efforts, il est possible que votre être cher refuse votre aide. Il ne faut pas vous décourager car des gens qualifiés peuvent vous venir en aide rapidement; contactez rapidement l’association de familles de votre région qui vous accompagnera dans votre situation.

Que dois-je éviter de faire?

Dans un premier temps, n’oubliez jamais que vous n’êtes pas le thérapeute de votre être cher. Évitez de lui formuler des solutions toutes faites ou de lui poser un diagnostic. En tout temps, il est important d’éviter de lui faire la morale ou de faire pression sur lui pour lui suggérer de se prendre en main. Évitez de le ridiculiser, de le blâmer ou de faire des plaisanteries sur sa situation.

N’oubliez pas que ce n’est pas par mauvaise volonté que votre être cher a moins de motivation, cela fait partie des symptômes du trouble.

Il est important d’éviter toute confrontation qui vise à prouver à votre être cher que ce qu’il entend, voit, sent ou ressent n’existe pas. Rappelez-vous toujours que l’expérience est réelle pour lui. Cependant, un geste ou une parole lui exprimant votre amour, votre amitié ou votre attachement, selon le cas, pourrait le rassurer.

À retenir

La schizophrénie est un trouble de santé mentale qui entraîne des symptômes importants affectant la pensée, l’aspect émotionnel, l’humeur et les comportements. Il faut faire preuve de patience et surtout, faire appel à des ressources d’aide. Il est par ailleurs possible de se rétablir de la schizophrénie; plusieurs personnes y parviennent.

Sources et notes

Avez-vous aimé ce contenu ?

Des profils similaires au vôtre ont aussi aimé