Reprendre le pouvoir dans l’imprévisible : agir sur ce qu’on peut
Reprendre le pouvoir dans l’imprévisible : agir sur ce qu’on peut
Découvrez comment mieux vivre avec l’imprévisibilité : apprenez à reconnaître vos limites et à trouver des stratégies pour votre mieux-être et celui de votre être cher.
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Lorsqu'on s'inquiète pour un être cher, il n’y a rien de plus frustrant que de se faire dire :
« Tu ne peux pas le contrôler, laisse-le faire! »
Avoir un être cher qui vit avec un trouble de santé mentale peut être une expérience profondément déstabilisante. L’imprévisibilité est souvent au cœur de cette réalité, transformant des situations quotidiennes en défis imprévus. Devant cette incertitude, il est essentiel d’admettre que, malgré votre désir de contrôler la situation, il existe des aspects reliés aux troubles mentaux qui échappent à votre influence. Apprendre à reconnaître vos limites et à concentrer vos efforts sur ce que vous pouvez réellement changer devient alors une compétence cruciale pour préserver votre bien-être et celui de votre entourage. Ce texte a pour but de vous accompagner dans cette réflexion. Nous commençons par l’importance de reconnaître ce qu’on ne peut pas changer pour ensuite discuter de stratégies pour vivre avec cela. Enfin, nous allons discuter, avant de conclure, ce qu’on peut réellement influencer lorsqu’un être cher vit avec un trouble de santé mentale.
L’importance de reconnaître ce qu’on ne peut pas tout contrôler
Accepter de ne pouvoir pas tout contrôler est très difficile pour plusieurs personnes. Par exemple, vous pourriez souhaiter que tous les gens de votre entourage soient heureux et qu’ils prennent toutes les meilleures décisions possibles pour favoriser leur bien-être. Mais votre vision de ce qu’est le bien-être peut différer de celle des gens que vous aimez. Alors que vous pourriez souhaiter la stabilité pour une personne qui vous est chère, cette dernière pourrait préférer demeurer hors de sa zone de confort pour affronter différents défis. Un phénomène semblable peut se présenter lorsqu’une personne de votre entourage vit avec un trouble de santé mentale : il est possible que vous soyez en désaccord avec son mode de vie ou ses décisions. Mais vous devez admettre que cette personne continue d’évoluer malgré ses difficultés et est libre de faire des choix pour sa propre vie (à moins qu’il y ait un danger pour leur sécurité nécessitant une mesure légale particulière, mais ça, c’est une autre histoire).
Il est possible que vous gaspilliez énormément d'énergie à essayer de contrôler ou d'influencer les autres en vous basant sur vos propres idéaux. Même si vos intentions sont bonnes, ce type de comportement risque de nuire à vos relations. Lors d’un moment de réflexion, il peut être très instructif de vous questionner sur ce que vous pouvez contrôler, influencer, et ce qui est complètement hors de votre contrôle.
La nuance entre contrôler et influencer réside dans le degré de pouvoir que les gens ont sur une situation.
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Contrôler
Contrôler signifie avoir un pouvoir direct et total sur un aspect, ce qui permet de le diriger ou de le modifier selon sa volonté.
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Influencer
Influencer, en revanche, signifie essayer de guider ou d'orienter une situation ou une personne sans garantir un résultat précis, car le pouvoir ultime de décision reste entre les mains des autres.
Comprendre cette nuance aide à gérer ses attentes et à mieux respecter l'autonomie des personnes qui nous entourent et ainsi contribuer à des relations plus saines et équilibrées.
Une liste de questions proposée par Sharon Martin, thérapeute et rédactrice pour PsychCentral*, permettra de vous aider à cibler ces nuances dans une situation précise :
- Quel est le problème qui me préoccupe en ce moment?
- Est-ce que j'ai un contrôle direct, un contrôle indirect (influence) ou est-ce que je n'ai aucun contrôle?
- Si j'ai un contrôle direct, quelles actions puis-je entreprendre?
- Si je n'ai aucun contrôle, que puis-je faire pour m'aider à accepter ce qui est?
- Si j’exerce une influence, dans quelle mesure? (noter de 1 à 10)
- Si votre influence est inférieure à 5, concentrez-vous sur l'acceptation de la situation.
- Si votre influence est supérieure à 5, réfléchissez : Cette personne a-t-elle besoin de mon aide, de mes conseils ou de mon accompagnement? Comment puis-je le savoir?
- Ai-je vraiment autant d'influence que je le pense? Quelles sont les preuves?
- Combien de temps, d'énergie, d'argent ou d'autres ressources est-il raisonnable de consacrer à essayer d'influencer cette personne/situation?
- Comment puis-je continuer à me concentrer sur mes besoins afin de ne pas m'épuiser ou d'être obsédé par d'autres personnes et leurs problèmes?
En se posant ces questions, vous pouvez compléter une liste des éléments qu’il vous est possible de contrôler, d’influencer et ceux sur lesquels vous n’avez aucun contrôle en lien avec une situation qui vous préoccupe. Nous vous invitons à prendre une pause et débuter cette réflexion.
Si vous réfléchissez bien, vous réaliserez rapidement que la plupart du temps, la seule chose sur laquelle vous avez réellement du contrôle est vous-mêmes : votre propre bien-être, vos propres réactions vis-à-vis des défis auxquels vous devez faire face, etc. Bien qu’il soit possible d’influencer le parcours de votre être cher qui vit avec un trouble de santé mentale sur certains plans, surtout s’il accepte votre soutien, vous n’avez par ailleurs aucun contrôle sur l’évolution imprévisible de sa condition. Dans le domaine de la santé mentale, même avec tous les efforts pour accompagner une personne dans son rétablissement, nous ne pouvons pas toujours en prédire l'issue. Cette incertitude peut être très frustrante pour tous ceux qui sont impliqués, ce qui est tout à fait compréhensible.
C’est pourquoi il est essentiel d’effectuer cet exercice d’introspection, individuellement et avec l'entourage, pour ouvrir la discussion sur ce sujet. En déterminant ce sur quoi vous avez du contrôle et ce qui échappe à votre emprise, vous pouvez mieux orienter vos énergies là où elles comptent le plus. Cela permet de favoriser le bien-être de tous et de créer un environnement plus serein et compréhensif pour faire face aux défis.
Des stratégies pour vivre avec ce qu’on ne peut pas changer
Il est très difficile d’accepter ce qu’on ne peut pas changer. C’est pourquoi les membres de l'entourage avec lesquels nous travaillons nous ont appris à parler davantage de « VIVRE AVEC » ce qu’on ne peut pas changer. Certains membres de l'entourage n’accepteront jamais les difficultés vécues en lien avec un trouble mental, ils apprennent à vivre au gré des vagues. Une vague à la fois. Il pourrait s’agir d’un objectif plus réaliste pour votre entourage également et c’est bien ainsi. L’important est d’apprendre à lâcher prise sur ce fameux contrôle afin d’éviter l’épuisement et la fatigue de compassion tout en favorisant le bien-être de tous les membres de votre entourage, incluant celui qui vit avec un trouble mental. Voici quelques « clés » pour débloquer ce super pouvoir de vivre avec ce qu’on ne peut pas changer :
Clé #1
Se concentrer sur ce qu’on peut contrôler ou influencer
Logique non? On vous entend déjà dire : beaucoup plus facile à dire qu’à faire! Après avoir fait l’exercice de la première section de ce texte, vous avez pu déterminer ce que vous pouvez contrôler et ce que vous pouvez réellement influencer. Se concentrer sur ces éléments permet de réduire le stress et l'anxiété liés à l’imprévisibilité des conséquences d’un trouble mental. En décelant les aspects de la situation sur lesquels vous avez une influence directe, comme vos propres réactions, votre bien-être personnel et votre routine quotidienne, vous pouvez retrouver un certain sentiment de maîtrise. Cela implique de définir des objectifs réalistes, de pratiquer des techniques de gestion du stress et de rester flexible devant les défis qui se présentent. En investissant votre énergie dans ces domaines, vous pouvez créer un environnement plus stable et soutenant, ce qui bénéficie à la fois à vous, votre être cher et à tout l'entourage.
Clé #2
Apprendre sur le trouble mental
Puisque vous êtes déjà en train de lire ce texte, vous avez déjà commencé à enrichir vos connaissances, félicitations! Cette stratégie revient dans plusieurs de nos textes et ce n’est pas pour rien : s’informer sur le trouble de santé mentale de votre être cher est une stratégie essentielle pour mieux comprendre et normaliser ses comportements et besoins. En se plongeant dans la lecture de ressources fiables, en participant à des ateliers ou en consultant des professionnels, vous pouvez acquérir des connaissances précieuses qui vous aideront à naviguer dans cette réalité complexe. La sensibilisation ne se limite pas à soi-même; elle inclut également des discussions avec l'entourage pour s'assurer que tout le monde est informé et impliqué. Des personnes bien informées sont mieux équipées pour offrir un soutien cohérent et empathique, ce qui peut considérablement améliorer la qualité de vie de tous.
Clé #3
Bâtir son propre réseau de soutien
Rechercher du soutien est crucial pour passer au travers des défis posés par le trouble mental de votre être cher. Joindre des groupes de soutien entre pairs ou consulter des professionnels de la santé mentale tels qu’un thérapeute offre un espace sûr pour exprimer vos émotions et partager vos expériences avec des personnes qui comprennent votre situation. Ces réseaux fournissent non seulement des conseils pratiques, mais aussi un sentiment de communauté et de validation. En plus de vous offrir des outils pour mieux gérer la situation, le soutien extérieur peut alléger le fardeau émotionnel et renforcer votre résilience, vous aidant ainsi à maintenir votre bien-être et à être un meilleur soutien pour votre être cher. Vous pouvez facilement intégrer un groupe de soutien entre pairs dans l’organisme pour proches de votre région. Pour trouver différentes ressources, nous vous invitons à consulter notre texte sur le sujet. N’hésitez surtout pas à partager vos nouvelles connaissances avec les autres membres de votre entourage!
Clé #4
Établir des limites saines
Poser des limites saines n’est pas facile, mais essentiel pour préserver votre bien-être tout en soutenant un être cher vivant avec un trouble de santé mentale. Nous avons d’ailleurs dédié un texte complet à ce sujet. Définir des attentes claires et respectueuses permet de protéger votre espace personnel et de prévenir l'épuisement. Cela inclut savoir dire non quand c'est nécessaire, déléguer certaines responsabilités et se réserver du temps pour soi-même. En communiquant ces limites de manière empathique, vous pouvez aider votre être cher à comprendre vos besoins tout en maintenant une relation équilibrée. Des limites bien établies favorisent un environnement de respect mutuel, où chacun peut se sentir en sécurité et valorisé, ce qui renforce la dynamique familiale.
Clé #5
Pratiquer la pleine conscience
Pratiquer la pleine conscience est une stratégie puissante pour gérer le stress et rester ancré dans le présent. La pleine conscience peut prendre plusieurs formes et se faire à l’aide de différents outils selon vos préférences. La respiration abdominale, en se concentrant sur des respirations profondes et lentes, aide à calmer l’esprit et à réduire l’anxiété. La méditation régulière, même quelques minutes par jour, permet de développer une conscience accrue de ses pensées et émotions sans jugement. Cela vous permettra également de demeurer plus calme sans vous laisser contrôler par vos émotions difficiles. Le journaling, ou écriture réflexive, offre un espace pour exprimer et explorer ses sentiments, aidant à clarifier ses pensées et à mieux comprendre ses réactions. Ces différentes pratiques cultivent une présence attentive et apaisée, essentielle pour passer au travers des défis quotidiens avec plus de sérénité. Ce sont des petites actions à ne pas sous-estimer, car quelques minutes seulement peuvent faire une énorme différence!
L’imprévisibilité liée aux troubles mentaux force à reconnaitre ce qu’on peut et ne peut pas contrôler et apprendre à vivre avec ce qu’on ne peut changer... ce n’est pas facile!
Dans ce texte, vous avez pu débuter la réflexion sur ce que vous pouviez contrôler, influencer et ce que vous ne pouvez pas changer. Ensuite, nous vous avons fait survoler quelques clés pour vivre avec ce que vous ne pouvez pas changer, c’est-à-dire vous concentrer sur ce que vous pouvez contrôler ou influencer, apprendre sur le trouble mental, bâtir votre propre réseau de soutien, établir des limites saines et pratiquer la pleine conscience. Maintenant, le travail continue : selon vous, quelle est la première clé que vous pourriez utiliser pour vous aider à vivre avec ce que vous ne pouvez contrôler? Il est temps de passer à l’action pour reprendre votre pouvoir devant l’imprévisibilité. Utilisez la section « À vous de jouer » pour poursuivre votre réflexion.
Sources et notes
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*PsychCentral, une filiale de Healthline Media, propose du contenu informatif sur la santé mentale, mais ne fournit pas de conseils médicaux ou diagnostics. Le contenu du site web est développé grâce à la collaboration avec des professionnels de la santé agréés et des contributeurs externes.
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Anxiety Canada (n.d.). Outil 5 : Gérer les inquiétudes (renforcer la confiance). Repéré à :
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Fusar-Poli, P., de Pablo, G. S., De Micheli, A., Nieman, D. H., Correll, C. U., Kessing, L. V. ... (2020). What is good mental health? A scoping review. European neuropsychopharmacology, 31, 33-46.
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PsychCentral (2019).
Recognizing what you can control and accepting what you can’t
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PsychCentral (2022).
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Taylor, H., Strauss, C. et Cavanagh, K. (2021). Can a little bit of mindfulness do you good? A systematic review and meta-analyses of unguided mindfulness-based self-help interventions. Clinical Psychology Review, 89, 102078.
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Zaccaro A, et al. (2018). How breath-control can change your life: A systematic review on psycho-physiological correlates of slow breathing.
https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fnhum.2018.00353/full
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