Intelligence émotionnelle et entourage, indissociables du mieux-être de tous
Intelligence émotionnelle et entourage, indissociables du mieux-être de tous
Cultiver l'intelligence émotionnelle permet de mieux soutenir un être cher. Apprenez à comprendre et soutenir ses émotions pour votre mieux-être et le sien.
Accompagner un être cher confronté à un trouble de santé mentale peut représenter un défi éprouvant tant pour l'individu que pour ses proches. Dans ces circonstances complexes, cultiver l’intelligence émotionnelle devient un outil précieux non seulement pour votre propre bien-être, mais également pour favoriser l’adaptation de l'entourage. Ce texte s'attache à définir ce que représente l'intelligence émotionnelle et à fournir des solutions pratiques et adaptées à votre vécu. En explorant les multiples facettes de cette compétence, vous découvrirez des stratégies concrètes pour vous aider à naviguer à travers les défis émotionnels que vous rencontrerez.
Mieux comprendre l’intelligence émotionnelle
L'intelligence émotionnelle se définit comme la capacité à reconnaître, comprendre et gérer efficacement ses propres émotions ainsi que celles des autres. On peut penser que certaines personnes sont plus douées que d’autres sur ce plan, mais en réalité, tout le monde peut apprendre à améliorer ses compétences en ce qui a trait à l’intelligence émotionnelle. C'est comme apprendre à faire du vélo : ça peut être difficile au début, mais avec de la pratique, ça devient de plus en plus facile. Il est important d’y travailler, parce que cela permet d’ouvrir des portes vers une vie plus heureuse et plus épanouissante. Des recherches ont démontré que l’intelligence émotionnelle est directement liée au bonheur et à une bonne santé mentale. De plus, ça permet d’améliorer ses relations avec les autres, que ce soit dans la famille, avec les amis ou au travail. Bref, c’est une clé importante pour nous permettre d’être plus satisfait par rapport à la vie en général!
Cinq compétences essentielles
Le psychologue et auteur américain Daniel Goleman a dédié sa carrière à l’étude de l’intelligence émotionnelle. Il propose cinq compétences essentielles pour permettre aux gens d’y travailler :
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la conscience de soi
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l’autorégulation
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la motivation intrinsèque
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l’empathie
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les aptitudes sociales
Nous allons explorer comment chacune de ces composantes peut être développée et utilisée pour offrir un soutien plus efficace à une personne vivant avec un trouble de santé mentale.
La conscience de soi : reconnaitre et comprendre ses émotions
La première étape pour soutenir une personne vivant avec un trouble de santé mentale est de développer une conscience de soi profonde et honnête. La conscience de soi est la capacité à reconnaître et à comprendre ses propres émotions, pensées et réactions. C'est être attentif à ses états internes, à ses motivations et à son comportement. Elle implique une réflexion profonde sur soi-même, permettant de mieux comprendre ses forces, ses faiblesses et les valeurs auxquelles on adhère. La conscience de soi favorise une meilleure compréhension de ses réactions émotionnelles favorisant ainsi à naviguer avec plus de clarté et d'authenticité dans ses relations avec les autres et dans sa vie en général.
Dans votre boîte à outils :
- Tenir un journal émotionnel : la tenue d'un journal émotionnel peut être un outil précieux dans ce processus. Prenez le temps de vous observer, de noter vos sentiments et les situations qui les déclenchent. En comprenant mieux vos propres émotions, vous serez mieux équipé pour reconnaître et gérer celles de votre être cher de manière constructive.
- Pratiquer la pleine conscience ou méditer : prenez des moments réguliers pour vous concentrer sur vos pensées, vos émotions et vos sensations physiques dans le moment présent. La méditation peut aider à calmer les pensées qui tournent dans votre tête et ainsi accroître la conscience de soi. On peut commencer par une méditation de quelques minutes seulement à chaque jour.
« Tout a commencé à devenir écrasant lorsque j'ai commencé à remarquer que mes propres émotions devenaient incontrôlables. Je me sentais constamment au bout du rouleau, réagissant de manière excessive aux hauts et aux bas de mon fils qui vit avec la dépression. Un jour, j'ai réalisé que je devais m'arrêter et faire face à mes propres sentiments. C'était difficile de reconnaître que je me perdais dans les préoccupations de mon fils, mais en prenant le temps de me comprendre, j'ai pu mieux comprendre mes réactions et agir de manière plus calme et réfléchie. »
Dans votre boîte à outils :
- Exprimer ses émotions : eh oui! le simple fait de mettre des mots sur ce que l'on ressent permet de mieux comprendre ses émotions et les gérer efficacement. Les émotions qui s’accumulent, c’est comme un vase qui se remplit une goutte à la fois : on accumule jusqu’à ce qu’une goutte fasse déborder le vase! Pour éviter ce trop-plein, parler de vos émotions à une personne de confiance peut vous enlever une partie de cette pression.
- Saines habitudes de vie : un esprit sain dans un corps sain! L'exercice physique, une alimentation saine et un sommeil adéquat contribuent à une meilleure régulation émotionnelle.
- Pratiquer une activité qu’on aime : aller prendre une marche, pratiquer un sport, dessiner… peu importe l’activité qui vous fait du bien, offrez-vous ce moment de détente qui permettra de laisser le temps à cette émotion de passer.
- Se rappeler que tout finit par passer : les émotions ont toutes une durée maximale. Alors qu’on pense souvent qu’une émotion va durer une éternité, se rappeler que cette sensation désagréable est temporaire peut nous soulager.
L’autorégulation : gérer ses émotions
Une fois qu’on reconnaît ses émotions, l'autorégulation permet d’apprendre à gérer ses propres réactions émotionnelles de manière adaptative et constructive. Cela peut impliquer de gérer le stress, l'anxiété et la tristesse qui peuvent surgir relativement aux défis avec lesquels vous avez à composer. L'autorégulation émotionnelle vous permet de rester présent et disponible pour aider votre être cher tout en veillant à votre propre bien-être émotionnel. Il s’agit d’un travail et d’un apprentissage continus pour pouvoir gérer ses émotions. En plus des stratégies proposées ci-dessous, d’autres outils peuvent vous aider selon vos préférences.
« Il y a des moments où je sens que je ne peux plus supporter le poids de la tristesse et de la frustration. Je me retrouvais souvent à bout de souffle, en larmes après une journée difficile avec ma conjointe anxieuse. Apprendre à gérer mes émotions est un processus lent, mais crucial. J'ai commencé à pratiquer des techniques de respiration pour me calmer lorsque je me sentais submergé. J’ai ensuite commencé la méditation guidée et ma conjointe a décidé de se joindre à moi. On apprend tous les deux et ça nous aide beaucoup! »
La motivation intrinsèque : définir votre propre vision de la santé
La motivation intrinsèque, c’est le fait d’être motivé par des actions réalisées pour leur propre valeur sans avoir besoin d’une récompense externe. Par exemple votre être cher sera motivé de façon intrinsèque par un projet de vie qu’il aura choisi et qu’il réalisera avec plaisir. En effet plus un projet est proche d’un désir personnel, plus il a de chances de se réaliser.
Le projet d’accompagner votre être cher vers son rétablissement en posant des actions concrètes et en lui offrant un soutien constant peut vous procurer beaucoup de réconfort et dans une certaine mesure, du plaisir. Si ces actions sont posées selon les valeurs auxquelles vous adhérez, c’est un exemple de motivation intrinsèque. Vous découvrirez à ce moment ce qui est réellement important pour vous dans ce processus d’accompagnement.
Dans votre boîte à outils :
- Tenir un journal de bord : pour vous aider à trouver un sens personnel, écrire peut vous permettre de réfléchir sur la raison pour laquelle le rétablissement de votre être cher est important pour vous. Si la situation s’y prête, discutez-en également avec lui et notez vos réflexions ensemble. Déterminez les valeurs, les croyances ou les expériences qui vous motivent à vous engager dans ce processus.
- Pratiquer l'autocompassion : il s’agit de vous parler comme vous le feriez avec votre meilleur ami. Soyez gentil avec vous-même et reconnaissez vos efforts et vos progrès, même les plus petits. Apprenez à accepter vos propres limites et à prendre du recul lorsque vous en avez besoin, tout en restant engagé dans le soutien que vous offrez à votre être cher lorsque vous le pouvez.
- Tableau de visualisation : créez un tableau de visualisation en collant des images, des mots ou des citations qui représentent vos objectifs et aspirations dans le soutien à votre être cher. Placez-le dans un endroit visible où vous pourrez le consulter régulièrement pour vous rappeler votre motivation et renforcer votre engagement.
« Depuis que ma sœur vit avec la schizophrénie, chaque jour a été un défi. Au début, je me sentais dépassé par la peur de ne pas savoir comment l'aider. Mais au fil du temps, j'ai trouvé une force que je ne savais pas que j'avais. Nous avons fait un tableau de visualisation ensemble pour imaginer nos rêves et partager notre vision du rétablissement. Ce petit tableau est sur mon réfrigérateur, c’est devenu ma boussole dans les moments sombres. Surtout, chaque sourire que ma sœur m’offre est un rappel que ma présence et mon soutien ont un impact, même dans les moments les plus difficiles. »
Dans votre boîte à outils :
- Pratiquer l'écoute active : engagez-vous pleinement dans les conversations avec votre être cher en écoutant attentivement ce qu'il dit sans interruption ni jugement. Posez des questions ouvertes pour approfondir votre compréhension de ses émotions et de son point de vue.
- Faire l’exercice des lunettes : essayez de vous mettre à la place de votre être cher en imaginant ce qu'il ressent et en voyant le monde à travers ses yeux (ou sa paire de lunettes). Pratiquez cela en écrivant dans votre journal de bord ou en utilisant des techniques de visualisation pour mieux comprendre ses expériences émotionnelles.
- Pratiquer la validation émotionnelle : validez les émotions de votre être cher en reconnaissant et en acceptant ses sentiments, même s'ils peuvent vous sembler irrationnels ou déroutants. Exprimez votre compréhension et votre soutien sans minimiser ses émotions, ce qui renforcera son sentiment d'être entendu et compris.
L’empathie : comprendre l’autre
Dans le contexte de l'intelligence émotionnelle, l'empathie est une composante essentielle qui consiste à reconnaître, comprendre et partager les émotions et les sentiments des autres. Cela va au-delà de la simple reconnaissance des émotions des autres. C'est la capacité de se mettre à la place de l'autre, de ressentir ce qu'il ressent et de répondre de manière appropriée et compatissante. Quand on accompagne une personne vivant avec un trouble de santé mentale, l'empathie est cruciale. Cela signifie non seulement de reconnaître et comprendre les dilemmes émotionnels de votre être cher, mais aussi d’être présent pour lui, l'écouter sans jugement et le soutenir dans les moments où il en a besoin, en lui offrant un espace sécuritaire où il peut exprimer ses émotions librement. L'empathie renforce les liens émotionnels et le sentiment de compréhension mutuelle. Elle favorise une communication ouverte. Si vous pouvez reconnaître les émotions qui sous-tendent un comportement particulier de votre être cher, vous comprendrez mieux d'où elles viennent et vous saurez comment interagir au mieux avec celui-ci. Ainsi, construire sa propre intelligence émotionnelle permet d’influencer le développement de l’intelligence émotionnelle de l’autre.
« En écoutant ma fille parler de son anxiété, j'ai réalisé à quel point elle se sentait seule et incomprise. Même si je trouvais ses réactions exagérées, j'ai commencé à pratiquer une écoute active, en me concentrant pleinement sur ses paroles. Un jour, alors qu'elle exprimait sa peur de l'école, j'ai pris le temps de me mettre à sa place. Je me suis rappelé mes propres réactions anxieuses dans mon enfance. Cette prise de conscience m'a permis de mieux comprendre sa situation et de lui offrir un soutien plus empathique et authentique. Maintenant, elle s’ouvre beaucoup plus facilement parce qu’elle sait que je ne la jugerai pas. »
Les aptitudes sociales : développer et conserver ses relations
Les aptitudes sociales sont une composante essentielle de l'intelligence émotionnelle. Cela inclut la communication efficace, la résolution de conflits, la coopération et le développement de relations saines et satisfaisantes. Lorsqu’on soutient un être cher vivant avec un trouble de santé mentale, les aptitudes sociales sont cruciales. Cela implique d'être capable de communiquer ouvertement et avec empathie, de résoudre les conflits de manière constructive et de développer des relations basées sur la confiance et le respect mutuels. En renforçant ces aptitudes sociales, les proches peuvent améliorer leur capacité à soutenir efficacement leur être cher et à favoriser son bien-être émotionnel.
Dans votre boîte à outils :
- La curiosité empathique : la curiosité est un outil essentiel qui permet de mieux se rapprocher des gens. Engagez-vous pleinement dans les conversations en écoutant attentivement ce que les autres disent, en posant des questions pour clarifier leur point de vue et en montrant de l'empathie pour leurs sentiments.
- Pratiquer la communication non-violente : il s’agit d’une façon d’interagir basée sur l'empathie, la compréhension et le respect mutuels. Elle vise à résoudre les conflits en exprimant ses besoins de manière affirmative tout en écoutant activement les besoins des autres, favorisant ainsi des relations harmonieuses et respectueuses.
« Pour apprendre à communiquer ouvertement avec ma mère sur son vécu de dépression, j'ai progressivement développé mes aptitudes sociales. Le plus grand changement a été de comprendre que la clé est la curiosité par rapport à ce qu’elle vit intérieurement, alors qu’avant je me sentais toujours attaquée ou dévalorisée en tant que fille. J’ai appris à l’écouter tout en lui offrant un espace sécuritaire qui lui a permis de partager ses émotions. Cette approche a renforcé notre lien et nous a permis de naviguer ensemble à travers les moments difficiles avec compréhension et respect mutuels. »
S’exercer à l’intelligence émotionnelle
Nous comprenons maintenant que l’intelligence émotionnelle se développe avec des exercices : c’est comme commencer à se préparer pour un marathon, mais là, le marathon est intérieur! Ça prend de la pratique et beaucoup de travail, mais le sentiment d’accomplissement et de mieux-être en vaut la peine. Dans votre « programme d’entraînement », nous vous invitons à faire l’exercice de placer en ordre croissant les cinq composantes décrites plus haut en débutant avec la plus facile à réaliser, jusqu’à la composante jugée la plus difficile et sur laquelle vous devez le plus travailler. Bien que ces composantes s’influencent les unes avec les autres, les diviser en ordre d’importance permet de se fixer des objectifs moins imposants et plus concrets au départ. Ayez de la compassion envers vous-même et demandez le soutien d’un professionnel au besoin. N’oubliez pas que travailler sur votre propre intelligence émotionnelle peut avoir un effet boule de neige et inspirer votre entourage à en faire tout autant, contribuant directement au mieux-être des gens que vous aimez! Enfin, en développant votre conscience de soi, de l’autorégulation, des projets basés sur une motivation qui correspond à vos valeurs, de l’empathie et des aptitudes sociales à la communication, vous serez mieux équipé pour offrir un soutien efficace, aimant et compatissant à votre être cher, tout en prenant soin de votre propre bien-être émotionnel.
Sources et notes
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Hodzic, S., Scharfen, J., Ripoll, P., Holling, H. et Zenasni, F. (2018). How efficient are emotional intelligence trainings: A meta-analysis. Emotion Review, 10(2), 138-148.
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Peña-Sarrionandia, A., Mikolajczak, M. et Gross, J. J. (2015). Integrating emotion regulation and emotional intelligence traditions: A meta-analysis. Frontiers in Psychology, 6, 160.
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Sánchez-Núñez, M. T., García-Rubio, N., Fernández-Berrocal, P. et Latorre, J. M. (2020). Emotional intelligence and mental health in the family: The influence of emotional intelligence perceived by parents and children. International Journal of Environmental Research and Public Health, 17(17), 6255.
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Goleman, D. (1996). Emotional intelligence: Why it can matter more than IQ. Bloomsbury.
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PsychCentral. (2021).
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