Comportement normal ou trouble de santé mentale chez l'enfant
Comportement normal ou trouble de santé mentale chez l'enfant
Différencier le comportement normal des signes de trouble de santé mentale chez les enfants : conseils et pistes pour mieux comprendre et accompagner votre enfant.
Jusqu'au début de l'âge adulte, comment différencier le comportement « normal » d’un enfant de signes d’un trouble de santé mentale?
« Par moment, je me sens dépassé par les comportements de mon enfant. Il m’arrive de me dire qu’il n’est pas normal. Je me demande s’il a un trouble mental. Je ne sais plus quoi penser et je me sens un peu coupable de me questionner comme ça. Comment m’éclairer? »
Plusieurs parents inquiets sont susceptibles d’avoir ce genre de réflexion quant au développement de leur enfant : Comment savoir ce qui est habituel de ce qui est hors norme en ce qui a trait aux réactions ou aux attitudes observées chez son enfant?
La recherche d’indépendance est un passage non seulement normal, mais également essentiel afin de se développer en tant qu’individu à part entière. De même, il est fréquent que les plus jeunes expriment leurs émotions de manière intense, ou qu’ils se montrent parfois agités.
Nous tenterons de vous éclairer un peu afin de mieux distinguer le comportement dit normal de signaux potentiels de troubles de santé mentale. Il importe de souligner que ce texte sert seulement de guide et qu’il a pour principal objectif de vous aider à faire cette distinction délicate. Il ne vise pas à vous permettre d’émettre un diagnostic à la fin de cette lecture, mais de vous offrir des pistes d’orientation, au besoin.
Comment différencier l’expression d’émotions intenses d’un trouble de santé mentale?
Les enfants traversent une multitude d'émotions pendant leur développement et il est normal de les voir exprimer ces émotions de manière intense. Par exemple, une crise de colère peut être le moyen pour un enfant d'exprimer sa frustration par rapport à une situation qui le dépasse.
Chez les adolescents, on peut davantage observer ce mode communicationnel puisque cette période de développement est liée à une grande recherche identitaire. Pour plusieurs, cela passe par l’opposition à l’autorité et une agitation interne importante. Or, toute personne lorsqu’elle se sent agitée intérieurement tend à être plus impulsive, irritable, impatiente ou encore plus facilement réactive.
Les plus jeunes, enfants ou adolescents, sont encore en apprentissage de la vie et de ses balises. Ainsi, ils n’ont pas encore développé une grande variété de stratégies d’adaptation ni de communication. Il devient donc fréquent que les humeurs soient variables et que les réactions soient peu adéquates. Cela ne suppose pas un trouble de santé mentale nécessairement.
Cependant, si des explosions émotionnelles deviennent fréquentes, excessives, ou qu’elles s'accompagnent de comportements agressifs persistants, cela pourrait être un signe de troubles émotionnels nécessitant une évaluation professionnelle. Les mots clés ici sont : intensité, récurrence, souffrance, désorganisation excessive, persistance et démesure.
Comment distinguer les changements d'humeur d’un trouble de l’humeur?
À priori, il faut comprendre que les changements d'humeur font partie intégrante de la croissance de l'enfant et de la vie humaine en général.
Plusieurs facteurs influencent les variations d’humeur chez un individu et cela est souvent considéré normal. Par exemple, les facteurs biologiques comme un manque de sommeil, des troubles digestifs, une carence en vitamines et minéraux, etc. Il y a aussi les facteurs sociaux qui peuvent être en lien avec une variation d’humeur. Par exemple, des conflits avec ses amis, de l’intimidation, un réseau de soutien restreint, une peine d’amour, etc. De même, des facteurs psychologiques (non pas des troubles de santé mentale) peuvent agir sur les humeurs, comme une faible estime de soi, une crainte de l’échec, un manque d’affection, etc.
Si des facteurs biologiques sont combinés à des facteurs sociaux et psychologiques, il est presque impossible de ne pas voir son humeur fluctuer. Cela est d’autant plus vrai lorsqu’il s’agit d’enfants ou d’adolescents par leur manque d’expérience et de référence. Leurs repères internes et externes ne sont pas très développés et leur cerveau n’a pas complété son développement. Ils ne peuvent faire autrement que d’être facilement affectés par les aléas de la vie.
Donc, avant de parler de trouble de l’humeur, il importe de se demander s’il ne s’agirait pas de difficultés que votre enfant peine à surmonter qui expliquerait ses changements d’humeur.
La différence entre un trouble de l'humeur et une simple variation de l'humeur réside principalement dans la durée, l'intensité et l'impact sur le fonctionnement quotidien.
Si vous observez des variations extrêmes et rapides de l'humeur, passant d'une euphorie débordante à une tristesse profonde, cela pourrait être indicateur d'un trouble bipolaire.
Qu’est-ce qu’une variation normale de l'humeur?
Les variations normales de l'humeur font partie intégrante de la vie quotidienne. Chacun d'entre nous connaît des hauts et des bas émotionnels en réaction aux événements, aux interactions sociales, et aux facteurs environnementaux. Ces changements d'humeur sont généralement temporaires, de courte durée et en réponse à des situations spécifiques. Par exemple, il est normal de se sentir triste lorsque l’on se sent déçu de l’issue d’une situation.
Qu’est-ce qu’un trouble de l'humeur?
La grande différence entre une variation normale de l’humeur et un trouble de l'humeur réside dans l’idée que des changements d'humeur sont marqués et persistants.
Ces variations affectent généralement :
- le fonctionnement quotidien;
- les relations interpersonnelles;
- et la qualité de vie du jeune et de son entourage.
Cela donne souvent une impression de ne pas savoir à quoi s’attendre de l’autre.
Les troubles courants dans cette catégorie sont le trouble dépressif et le trouble bipolaire. Voir le dossier sur le trouble bipolaire ou dirigez-vous vers un organisme de votre région.
Comment distinguer un état de stress standard d’un trouble d’anxiété?
Aucun humain sur terre ne peut échapper au stress, voire à l’anxiété. Le stress, étant normal et essentiel pour déployer des mécanismes d’autoprotection, il importe de comprendre que tant que le fonctionnement n’est pas altéré ou qu’il n’y a pas de grande souffrance associée, cela n’est pas considéré comme un trouble en soi.
Une définition de la Clinique Psychologie Québec peut aider à distinguer le stress de l’anxiété : « Contrairement au stress, l’anxiété est l’anticipation d’une menace future. Elle s’accompagne d’un sentiment désagréable d’appréhension, d’une tension musculaire et d’un état de vigilance. C’est une émotion courante que tout le monde peut vivre et elle se dissipe généralement rapidement. De plus, elle n’est pas nécessairement négative, car l’anxiété peut améliorer la performance physique et intellectuelle. Toutefois, lorsque l’anxiété persiste, elle peut devenir accaparante et interférer avec le fonctionnement normal »1. C’est à ce moment que l’on parle d’un trouble anxieux.
Aussi il est normal qu'un enfant se montre parfois réticent à affronter de nouvelles expériences, comme un changement d'école, par exemple. De même, un adolescent pourrait vivre de l’anxiété à l’idée de devoir faire une présentation orale en classe, car inexpérimenté en la matière, il est aussi dans une phase de sa vie où son besoin d’appartenance à ses pairs est très grand. De plus, c’est une période de vie où l’estime et la confiance en soi passent beaucoup par l’image. Dans ce type de situation, le degré élevé de stress qu’il présente serait tout à fait compréhensible. Mais si cette anxiété l’empêchait de réaliser une évaluation scolaire ou encore qu’il refuse d’aller à l’école, on pourrait à ce moment considérer que c’est un trouble anxieux.
Il arrive aussi de constater des comportements compensatoires d’évitement comme le jeu ou la consommation de substances. Cela pourrait empirer l’état anxieux avec le temps. Donc, les manifestations et réactions sont aussi à considérer lorsque l’on tente de comprendre s’il s’agit d’un état dit normal ou d’un trouble en émergence.
Les mots clés ici sont : réticence persistante; altération du fonctionnement de la vie quotidienne; crises, panique, des troubles du sommeil fréquents; préoccupation constante au sujet d'événements futurs; troubles digestifs ou symptômes physiques incapacitants.
Comment déterminer si votre enfant présente un trouble psychotique ou schizophrénique?
En général, les symptômes d’un trouble psychotique apparaissent graduellement et s’échelonnent sur plusieurs années. Ce phénomène fait en sorte que plusieurs familles n’arrivent pas à déterminer si la personne traverse un moment difficile ou s’il s’agit de quelque chose de plus sérieux. Avant d’obtenir un diagnostic, il est possible que vous observiez des changements dans le comportement de votre enfant. Au cours de cette période, dans certains cas, ses activités quotidiennes et son hygiène déclinent. Dans d’autres cas, le trouble s’installe très rapidement. Au fur et à mesure que les symptômes s’aggravent, votre enfant peut ressentir de la panique, de l’anxiété et de la peur. Il peut refuser d’admettre qu’il ne va pas bien et tenter de ne pas laisser paraître ses émotions.
Si votre enfant développe un trouble psychotique, il est possible qu’il voie ses capacités de penser et de réfléchir se détériorer. De plus, son humeur peut changer fréquemment et, dans les cas les plus graves, il peut expérimenter des hallucinations, des délires et des troubles de la pensée et un discours désorganisé. Ces symptômes peuvent se traduire par des voix qu’il entend, des interprétations des événements différentes de ce qu’il faisait antérieurement, une impression de ne plus avoir d’identité propre, un langage incohérent et un discours qui peut vous paraitre illogique. Il est également possible que votre enfant soit agité et qu’il manifeste des comportements agressifs.
Un certain nombre de personnes vivant ce processus de trouble psychotique consomment des drogues qui leur procurent un effet apaisant à court terme. Cependant, sans le savoir, leur processus psychotique est précipité, leurs pensées deviennent irrationnelles et perturbées.
On peut également observer un manque de motivation et d’intérêt, une rupture avec ses amis et ses proches et de l’inaction. L’ambivalence est présente et la prise de décisions devient ardue. S’il présente un trouble psychotique, votre enfant peut éprouver des troubles cognitifs, tels que des difficultés à traiter l’information, des problèmes de concentration et de mémoire. Il devient peu expressif et fait des phrases courtes et évasives.
Il faut en général une période de six mois d’un trouble psychotique avant de donner un diagnostic de trouble schizophrénique.
En conclusion, il est crucial d'observer attentivement le comportement de votre enfant tout en gardant à l'esprit que chaque enfant est unique. Si vous avez des préoccupations concernant le bien-être émotionnel de votre enfant, n'hésitez pas à consulter un professionnel de la santé mentale pour obtenir des informations approfondies ou encore vous adresser à un organisme venant en aide aux proches dans votre région.
Comment aider mon enfant?
L’ouverture d’esprit, l’absence de jugement et surtout, le dialogue ouvert avec votre enfant peuvent jouer un rôle crucial dans le soutien de la santé mentale de ce dernier puisque le sentiment d’être accepté, aimé, accueilli, compris et soutenu favorise un état général de bien-être. Cela contribue grandement à réduire le stress et l’anxiété ainsi qu’à favoriser un état affectif plus stable. De même, un sentiment de sécurité a un impact positif sur l’estime et la confiance en soi, ce qui permet de demander et recevoir de l’aide au besoin.
Aider son enfant ne veut pas dire faire les choses à sa place. Au contraire, ce qui est préconisé est de faire avec lui et quand c’est possible, de simplement lui montrer comment faire. C’est-à-dire, comment trouver les réponses à ses questions, comment se faire confiance, comment s’affirmer, comment développer des stratégies d’adaptation qui lui sont bénéfiques, comment réguler ses émotions, comment reconnaitre ses besoins, comment accepter sa situation, comment s’aider lui-même…
Aider son enfant, c’est principalement l’accompagner dans son évolution personnelle.
Aider son enfant, c’est d’abord et avant tout, s’aider soi-même afin d’être mieux disposé pour lui. Donc, appliquer à soi-même ses bons conseils! Prenez le temps de consulter l'onglet «À vous de jouer» pour enrichir votre coffre de solutions adaptées à votre situation.
Sources et notes
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1 Clinique de Psychologie Québec. (2019).
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