Composer avec la charge mentale : un défi… réalisable!
Composer avec la charge mentale : un défi… réalisable!
« Quoi manger pour souper? C’est quand déjà le rendez-vous médical? Il ne faut pas que j’oublie d’aller porter ce document demain. Ah oui, ma mère m’attend à 18 h, mardi… Pourquoi c’est toujours moi qui dois penser à tout? »
Ce discours vous est familier? Alors, poursuivre la lecture pourrait vous intéresser!
Qu’est-ce que veut dire charge mentale?
Avant toute chose, il importe de s’assurer de parler des mêmes choses! Trop souvent, lorsque nous abordons des concepts, nous avons tendance à esquiver la partie « définition ». Or, c’est la première étape pour se démêler. Définir les concepts offre une bonne base pour se comprendre. C’est précisément pour cette raison que nous allons, avant toute chose, nous assurer d’avoir la même conception de ce que nous entendons par charge mentale.
Principalement, ce qui caractérise l’appellation charge mentale doit se diviser en deux termes.
À priori, le terme charge est lié à quelque chose qui pèse, un poids à tenir, à porter ou encore à soulever. De même, on entend par charge une responsabilité, une tâche ou encore, une obligation qu’une personne sent qu’elle doit assumer. Il y a aussi une référence à la notion de quantité.
Ensuite, le terme mental est lié à ce qui concerne l'esprit, les émotions, les perceptions et les cognitions. Ce terme est souvent utilisé pour décrire des processus comme la pensée, la mémoire, la concentration, la réflexion, la résolution de problèmes, l'apprentissage. D’ailleurs, ce sont généralement ces éléments qui sont affectés lorsqu’il y a une surstimulation, voire une surutilisation du mental.
Donc, lorsqu’il est question de charge mentale, on fait surtout référence à tout ce que vous tentez de ne pas oublier, ce qui traverse l’esprit relativement à ce qui doit être fait. Ce sont toutes les pensées dirigées vers vos occupations et responsabilités (par exemple : rendez-vous, ménage, tâches au travail, soins aux enfants, etc.). Assurément, tout cela fait émerger de nombreuses émotions, ce qui finit par peser lourd et créer une sensation de trop-plein.
Quelles sont les différences entre charge, surcharge et surmenage?
« J’en ai assez! »
Cette simple expression illustre assez bien la différence entre être préoccupé (tête ou agenda) et à la limite du débordement, donc de la surcharge.
Il existe des différences importantes à relever en ce qui concerne la charge mentale puisque celle-ci peut conduire à un état de surmenage. D’abord, définissons le terme surmenage. Ce dernier peut, lui aussi, être découpé en deux termes.
À priori, le terme ‘sur’ se rapporte à une position plus élevée ou excessive. Cette nuance est très importante, car il n’est pas rare qu’une charge mentale, de taille imposante, bascule en surcharge mentale. Cela pourrait se traduire par une sensation de démesure, ou encore de déséquilibre.
Ensuite, le terme ménage fait référence à l'ensemble des tâches et des activités qui doivent être accomplies. En d’autres mots, on pourrait dire que c’est lié à tout ce que vous faites. Ce sont toutes les pensées et préoccupations transformées en action (par exemple : aller aux nombreux rendez-vous, faire tout le ménage, produire plusieurs rapports, prendre soin des autres, s’occuper de la maison, etc.).
Ainsi, il est assez fréquent de rencontrer une surcharge mentale avec son acolyte, le surmenage!
Il est à noter que le degré de détresse relié à ces deux sphères dépend, en bonne partie, du dosage. Plus grande est la tendance à ruminer ou à avoir de la difficulté déléguer, plus la bascule vers l’épuisement s’accentue.
Comment reconnaître la surcharge?
De nombreux symptômes sont similaires entre la surcharge mentale et le surmenage. Ce qui permet de savoir si nous parlons d’une charge mentale soutenue ou d’une surcharge (même chose en ce qui concerne être occupé vs surmené) est habituellement le degré de fatigue qui est ressenti. Généralement, il y a une forte impression de fatigue qui persiste malgré du repos. Il y a des symptômes reconnaissables dans quatre catégories distinctes : physique, cognitive, comportementale et émotionnelle. Il est à noter que ceux-ci varient d’une personne à l’autre. À partir de la liste, prenez le temps de faire un bilan personnel.
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Symptômes physiques
- Baisse significative d’énergie
- État de fatigue récurrent
- Céphalées (maux de tête)
- Tensions musculaires
- Changements significatifs sur le plan du sommeil
- Démarche et mouvements plus lents
- Système digestif affecté
- Agitation
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Symptômes cognitifs
- Concentration limitée
- Trous de mémoire
- Assimilation ardue de la nouvelle information
- Oublis fréquents
- Erreurs inhabituelles et courantes
- Perte de motivation
- Idéations de découragement, d’envahissement
- Pensées négatives récurrentes
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Symptômes comportementaux
- Baisse de la productivité
- Absentéisme ou présentéisme (le corps y est, mais pas la tête)
- Modifications alimentaires
- Automédication, médication
- Recherche d’évasion : achats accrus, télévision, alcool, drogue, jeux, etc.
- Communication moins fluide
- Isolement, retrait
- Éparpillement/ désorganisation
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Symptômes émotionnels
- Irritabilité
- Tristesse
- Découragement
- Impatience
- Morosité
- Cynisme
- Dépassement
- Confusion
- Culpabilité
- Frustration
- Honte
- Sentiment d’injustice
- Stress
- Anxiété
- Angoisse
- Détachement
Le corps étant bien fait, il fait arriver tous ces symptômes non pas pour incommoder, mais bien pour éveiller une prise de conscience des besoins personnels. À défaut, la sphère mentale, la sphère émotionnelle et la sphère physique peinent de plus en plus à porter la charge qui est présente et qui semble s’amplifier constamment.
Êtes-vous en état de surcharge?
Une mise en garde est importante ici : le diagnostic n’est possible qu’avec une consultation médicale ou psychologique.
Cela dit, vous pourriez quand même trouver une réponse à cette question dans le nombre de symptômes que vous avez!
Si vous reconnaissez avoir plus de trois ou quatre symptômes dans chacune des catégories, il serait sage de penser à prendre un pas de recul pour cesser l’escalade. À cet effet, vous trouverez plus loin dans cet article des stratégies pour éviter la surcharge et le surmenage.
Toutefois, si vous avez l’impression d’avoir presque tous les symptômes, et ce, dans les différentes catégories énumérées ci-dessus, il serait important de penser à consulter. Cette constatation pourrait indiquer que vous êtes présentement dans un état près de la surcharge ou de l’épuisement.
Quelles sont les conséquences de la surcharge mentale ou du surmenage?
Quand vous sentez ne plus avoir la capacité personnelle à tout soutenir (pensées, préoccupations, listes de trucs à prévoir, etc.), un malaise important peut s’installer. C’est alors que le risque d’épuisement général est accru. Dans ce cas, la capacité à faire face aux diverses pressions et demandes se fragilise et cela influence considérablement la gestion des émotions et par conséquent, les dynamiques relationnelles. De nombreuses conséquences peuvent se manifester sur l’état de santé physique global certes, mais aussi sur la santé mentale en général. L’estime et la confiance personnelles tendent à se réduire, ce qui nuit à la capacité de ressentir de la satisfaction dans les relations et parfois, dans le quotidien. C’est un peu cela qui donne à l’expression l’effet boule de neige, son sens. Pour faire un bonhomme de neige, on commence par rouler une toute petite boule de neige qui agrippe de la neige en roulant pour former une grosse boule lourde à soulever. C’est le même principe qui s’opère quand la charge mentale s’accentue et que les occupations se transforment en surmenage. Une chose en amène une autre. La tête est pleine, l’agenda aussi… les émotions en prennent un coup.
C’est pourquoi, lorsque l’on parle de charge mentale, on aurait avantage à adopter l’adage qui dit que la modération a bien meilleur goût!
Qu’est-ce qui mène à la surcharge mentale?
De nombreux besoins et droits ignorés. Voilà ce qui se cache derrière une grande charge mentale!
Ce qui est entendu ici par la notion de droits est en lien avec la permission que s’accorde une personne. Parmi les plus populaires, si on peut dire ainsi, on retrouve :
- Dire non
- Déléguer
- Demander de l’aide
- Se reposer
- S’amuser
- Avoir des loisirs
- Prendre du temps pour soi
- Se prioriser
En ce qui a trait aux besoins, la liste peut se montrer assez longue! Dans celle-ci, on remarque :
- Repos
- Valorisation
- Sécurité
- Validation
- Confiance
- Soutien
- Aide
- Gestion émotionnelle
- Communication
- Établir des limites
- Lâcher prise
- Sécurité
- Estime
- Appartenance
- Réalisation
- Actualisation
- Validation
- Délégation
- Rassurance
- Communication
- Établir des limites
- Gestion du temps
Devant cette liste, il ne sert à rien de paniquer et de se dire qu’en plus de tout ce qu’il y a à gérer, il faut compter tous ces besoins. Il est beaucoup plus aidant de se questionner un peu pour déterminer ceux qui sont en jeu dans l’instant présent puisque cela permet de s’en occuper au moment où ils se présentent, ce qui aura pour bénéfice de les combler et les sentir s’estomper. Soulagement garanti!
Savoir reconnaitre ses besoins passe notamment par une petite pause des ‘choses à penser’ et se demander « comment je me sens? De quoi ai-je besoin pour me sentir mieux? »
Pourquoi parlons-nous des besoins et droits personnels dans un texte sur la charge mentale? Parce que l’un influence l’autre et vice versa. Aussi, parce que cela occasionne une multitude d’émotions qui ébranlent et précarisent la gestion de la charge mentale.
Apprendre à gérer la charge mentale
Tous les chemins mènent à Rome dit l’adage et elle s’applique ici aussi. Il n’y pas qu’un seul moyen pour gérer sa charge mentale afin d’éviter qu’elle ne devienne une surcharge. Tout comme chaque personne est unique dans ce qui la préoccupe et dans sa façon d’exprimer cela (par exemple par la survenue de certains symptômes vus précédemment), chacune aura un ou des moyens qui fonctionneront mieux pour elle. Voici donc une petite liste, incomplète, de stratégies pour gérer plus aisément la charge mentale.
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Revoir ses attentes
- Quelles sont mes attentes envers moi-même?
- Quelles sont mes attentes envers les autres (partenaire, ami., collègues, enfants, parents, etc.)
- À mon avis, quelles sont les attentes des autres envers moi?
- Est-ce réaliste?
- Comment valider mes perceptions?
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Évaluer ses gains
- Qu’est-ce que m’apporte ma situation?
- À quel besoin cela répond pour moi? (admiration? valorisation? réalisation? appartenance? estime? assurance? Etc.)
- Qu’est-ce que m’apporterait un changement dans ma façon de gérer ma charge mentale?
- À quel besoin cela répondrait pour moi? (confiance? estime de soi? reconnaissance? paix? sécurité?)
- Qu’est-ce que m’apporte ma situation?
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Revoir ses priorités
- Qu’est-ce qui compose ma liste de préoccupations?
- Comment classer ces éléments par priorités?
- Comment éliminer certaines choses sur la liste?
- Qu’est-ce qui a le plus d’impact sur le moment présent et comment lâcher prise sur le reste?
- Qu’est-ce que je peux déléguer avec confiance?
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Revoir son degré de responsabilité
- Où sont principalement dirigées mes pensées? (sur ce que je dois faire? sur ce que l’autre devrait faire? sur ce qu’il ne faut pas oublier? Etc.)
- Mes préoccupations sont-elles justifiables ou est-ce que je cherche un peu à contrôler l’autre ou la situation pour me sécuriser?
- Comment laisser les autres prendre leurs décisions et être autonomes sans me faire constamment du souci?
- Comment prendre la responsabilité de ma vie, de mes émotions, de mon état psychique et me dégager de ce qui ne m’appartient pas? (suis-je réellement responsable de l’autre?)
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Prendre soin de soi
- Parler de mes émotions, peurs, inquiétudes, etc.
- Demander de l’aide et déléguer.
- Profiter de la lumière du jour; sortir à l’extérieur, favoriser des activités extérieures, ouvrir les rideaux, etc.
- M’occuper de mon corps qui supporte mes charges : faire de l’exercice, des étirements, des respirations, diverses techniques de relaxation. Adopter une saine alimentation.
- Apprendre à arrêter mon mental quelques minutes (outil de cohérence cardiaque de 5 minutes qui calme le rythme respiratoire et cardiaque, ce qui apaise considérablement le mental).
- Intégrer l’humour et le plaisir à mon quotidien.
- Prendre du temps pour ma passion ou un hobby.
- Communiquer mes besoins, mes limites et mes difficultés à mon entourage.
- Adopter une routine qui favorise un sommeil réparateur.
- Consulter une personne en relation d’aide pour avoir un accompagnement dans la gestion de ma charge mentale et des émotions que cela suscite en moi.
Il est presque impossible de ne pas avoir une certaine charge mentale. Lorsqu’elle ne pose pas un problème, en cela qu’elle ne nuit pas à la gestion du quotidien ni à l’état global personnel, il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Or, si elle s’alourdit, vaut mieux s’y attarder avant qu’elle devienne trop lourde à porter et qu’elle cause des complications dont il faudra inévitablement s’occuper.
Apprendre à gérer sa charge mentale est un processus dynamique. Ce n’est pas une succession d’étapes à suivre ni une hiérarchie de niveaux à atteindre. C’est quelque chose qui se fait en fonction du rythme personnel. Porter attention à ses besoins et utiliser des stratégies constructives pour garder un certain équilibre mental sont des incontournables à un état de bien-être.
Ce qu’il faut surtout retenir de cet article est que cela est bien réalisable!
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