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Qu'est-ce que le trouble d'anxiété sociale?

  • 10 min

À travers ce texte, apprenez-en davantage sur le trouble d'anxiété sociale : sa prévalence, son développement, ses traitements et plus encore.

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L’anxiété sociale – autrefois dénommée phobie sociale – est une anxiété marquée dans une ou plusieurs situations dans lesquelles les personnes exposées craignent d’être jugées par les autres au cours d’interactions sociales (rencontre de gens avec lesquels elles ne sont pas familières) ou d’être observées (manger en public ou performer devant un auditoire)1.

La personne qui vit avec ce trouble craint de faire ou de dire quelque chose qui pourrait l’embarrasser et ainsi en être humiliée. Il faut faire une distinction entre la peur de devoir faire une présentation devant ses intimidateurs lorsqu’on est intimidé à l’école d’une anxiété sociale qui fait en sorte qu’un jeune a l’impression d’être observé par tout le monde dans la classe et de se sentir jugé2.

Il importe également de faire une distinction entre l’anxiété sociale et la timidité qui résulte d’un caractère réservé. Vivre avec l’anxiété sociale c’est ressentir de l’anxiété avant et pendant certaines situations sociales craintes qui provoque une détresse ou une perturbation dans son fonctionnement social. Cette forme d’anxiété peut être restreinte à certaines situations par exemple être observé dans des lieux publics comme les transports en commun ou faire des présentations orales. On jugera qu’elle est généralisée si elle se présente dans presque toutes les situations sociales3.

Comme pour toutes les autres formes d’anxiété, un élément est central dans son maintien, c’est l’évitement. Ici la personne évitera les situations sociales qui sont craintes. Malheureusement, étant donné que l’évitement ici concerne les relations sociales, incluant les relations d’amitié, amoureuses et professionnelles, la personne vivant avec ce trouble risque de souffrir d’une grande solitude et d’isolement4.

Quelques données sur

sa prévalence et son développement

Les données les plus récentes au Québec datent de 2002. Ainsi la prévalence sur 12 mois du trouble d’anxiété sociale était de 7,2 % chez la population âgée de 15 ans et plus. La proportion est quasi identique chez les femmes et les hommes, mais un peu plus élevé chez les hommes, avec un taux respectif de 7,1 % et de 7,3 %5.

Cette prévalence auprès de la population générale aux États-Unis sur 12 mois est relativement semblable (7 %). On rencontre également un taux légèrement plus élevé chez les hommes que chez les femmes dans les populations cliniques, c’est-à-dire les personnes qui utilisent les services de santé mentale. On explique cette demande d’aide plus forte chez les hommes par les attentes qui seraient plus élevées à leur endroit6.

Aux États-Unis l’âge médian de l’apparition de ce trouble est de 13 ans; 75 % des individus le développent entre 8 et 15 ans. Ce trouble peut apparaitre rapidement après une expérience stressante ou humiliante (être intimidé, vomir durant une présentation devant un auditoire, etc.) ou encore se développer lentement de façon insidieuse. Un premier épisode à l’âge adulte est plutôt rare et il est plus susceptible d’apparaitre après un événement stressant ou humiliant à la suite de changements qui requièrent de nouveaux rôles sociaux. Chez les aînés l’anxiété sociale peut concerner des incapacités à la suite d’une perte d’audition ou de vision par exemple, ou encore de la gêne liée à leur apparence (tremblements liés à la maladie de Parkinson), de l’incontinence ou un déclin cognitif (par exemple oublier les noms)7. Ces ainés en viennent à restreindre leurs relations sociales de façon marquée et sont ainsi fortement à risque de vivre de l’isolement.

L’âge d’apparition est identique chez les hommes et chez les femmes. Par ailleurs, les femmes qui vivent avec ce trouble rapportent un plus grand nombre de peurs sociales et risquent de présenter de façon concomitante un trouble dépressif ou d’autres troubles anxieux. Alors que chez les hommes, leurs craintes sont plus liées aux fréquentations amoureuses et on rencontre chez ces derniers une concomitante de troubles des conduites ainsi que du recours à la consommation de drogue ou d’alcool pour soulager leurs symptômes. De plus les hommes présentent plus souvent que les femmes une parurésie, c’est-à-dire la difficulté à uriner jusqu’à l’incapacité totale par crainte d’être vu ou entendu.

Comment traiter l’anxiété sociale chez les adultes?

Premièrement si votre être cher présente un tel problème, il serait important de lui conseiller de consulter un professionnel de la santé mentale habilité à traiter ce type de trouble. Le récent guide publié par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS)8 qui est une version adaptée du guide publié par le National Institute for Health and Care Excellence (NICE) de l’Angleterre, un institut réputé internationalement dans le domaine de la santé mentale pour ses guides de traitement appuyés sur des preuves scientifiques.

La recommandation du MSSS aux professionnels de la santé mentale est de recourir à des interventions cognitives comportementales (TCC) individuelles ou en groupe. On peut penser que le fait d’être en groupe, pour un trouble relié à l’anxiété lors d’interactions sociales, peut, en contexte in vivo, aider les personnes à outrepasser leurs difficultés.

Pour des personnes qui ne souhaitent pas entreprendre ce type d’intervention, le MSSS suggère un guide d’autosoins utilisant des techniques cognitives comportementales ou encore des groupes de soutien ou d’entraide ou les services de soutien aux études et à l’emploi.

Malheureusement, bien qu’il existe des interventions efficaces pour le traitement de l’anxiété sociale, le recours à ces services semble problématique selon le MSSS. On évalue que plus de 50 % des personnes qui présentent ce trouble ne recevront jamais de traitement, et en général, pour celles qui en reçoivent, elles peuvent attendre 10 ans ou plus.

Comment traiter l’anxiété sociale chez les enfants et les adolescents?

Le trouble d’anxiété sociale chez les enfants se manifeste différemment que chez les adultes. Le MSSS mentionne « [qu’en] plus de se tenir en retrait des interactions, les enfants peuvent être plus susceptibles de s’exprimer par des pleurs, se figer dans une posture ou par des accès de colère » (MSSS, 2022, p. 2). Des situations comme la participation à des activités sociales (une fête ou faire partie d’un club) ou prendre part à une performance à l’école sont particulièrement difficiles pour les enfants et adolescents présentant ce trouble.

Comme pour les adultes, on suggère une intervention recourant à des techniques cognitives comportementales en individuel ou en groupe précisément centrée sur l’anxiété sociale. Le MSSS suggère que l’entourage soit impliqué pour s’assurer d’une prestation plus efficace, en particulier chez les jeunes enfants. On recommande de ne pas recourir, pour les enfants et les adolescents, à une pharmacothérapie.

Comment puis-je aider?

Le premier conseil pourrait être de suggérer à votre être cher de consulter un professionnel de la santé mentale habilité à traiter ce trouble. Il ne faut pas oublier que les personnes attendent malheureusement trop longtemps avant de consulter, et en utilisant des stratégies d’évitement, ce trouble se maintient sur une longue période. Étant donné qu’il s’avère parfois problématique pour la personne de recevoir des services professionnels, ou si la personne ne souhaite pas consulter un professionnel, on peut lui conseiller de joindre un groupe d’entraide où elle pourra partager ses expériences avec d’autres personnes vivant des situations similaires. En tant qu’accompagnateur, vous pouvez également joindre un groupe d’entraide pour les proches.

Nous reproduisons ici, légèrement adaptés, quelques conseils suggérés par le CIUSSS de la Mauricie et-du-Centre-du-Québec pour aider une personne vivant avec un trouble d’anxiété sociale. On nous met en garde que certaines actions, même si elles sont généralement bien intentionnées, peuvent en réalité aggraver la situation9.

  • Ne pas suivre « les règles » de l’anxiété

  • Ne pas éloigner la personne vivant avec ce trouble du « danger »

  • Ne pas trop “forcer la note”

  • S’éduquer à propos de l’anxiété sociale

  • Accompagner la personne vivant avec un trouble d’anxiété sociale dans la mise en pratique des compétences et techniques permettant de la surmonter

  • Offrir des rappels sur les stratégies de gestion de l’anxiété sociale

En conclusion, le trouble d’anxiété sociale se développe assez tôt dans l’enfance et l’adolescence. Malheureusement il semble qu’une bonne proportion des personnes vivant avec ce trouble ne reçoivent pas de traitement ou attendent 10 ans ou plus avant d’en recevoir.

Si votre être cher est dans l’une ou l’autre de ces situations, il serait peut-être indiqué de lui suggérer de recourir à un groupe d’entraide comme à l’organisme Phobies-Zéro qui offre des services pour les troubles anxieux dans plusieurs localités du Québec.

De la même manière, n’hésitez pas à vous joindre à l’association pour les proches, membre de CAP santé mentale de votre région si vous avez besoin de soutien et d’information.

Sources et notes

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